L’héraldique, science et art du blason et des armoiries, est une discipline vivante.
Née sur les champs de bataille médiévaux, l’héraldique a connu un extraordinaire essor dans les siècles qui ont suivi et a été déclinée de multiples façons par les hérauts et les artistes au point de constituer un pan entier du patrimoine historique et culturel occidental.
Elle est d’ailleurs devenu un objet d’étude et le monde universitaire et de la recherche y consacre désormais de nombreux travaux.
L’héraldique connait aussi une nouvelle et très large diffusion dans le public. Internet permet en effet une large accessibilité des sources et permet aux amateurs de s’exercer, avec plus ou moins de réussite, au dessin d’armoiries, comme en témoigne la production impressionnante de blasons, de qualité inégale, disponible en ligne.
Le droit au port d’armoiries, contrairement à une certaine idée préconçue, est libre, n’a jamais été réservé à la noblesse. Beaucoup de familles sans origine ni prétention aristocratique en portent depuis des siècles. Malgré des tentatives de centralisations tardives, le plus souvent les armoiries n’étaient pas autrefois attribuées par l’autorité mais bien crées par les familles elles-même ou leur entourage.
La représentation des armes est souvent l’objet de questions. La faute en est sans doute aux nombreux ouvrages calamiteux qui ont été écrits sur le sujet, principalement aux XVIIIe et XIXe siècles. Leurs auteurs ont voulu imposer à cette discipline annexe de l’histoire un carcan absurde en mettant au point une codification tatillonne très éloignée de son esprit initial. Ils ont contribué à l’enfermer dans une sacralité, voire dans un ésotérisme, hors de propos. De ce point de vue, il est heureux que l’école française contemporaine, sous la houlette de grands universitaires comme Michel Pastoureau ou Michel Popov, ait considérablement dépoussiéré l’héraldique depuis une trentaine d’année, pour lui rendre son statut d’art où la fantaisie a sa place.
Le poète doit respecter la grammaire pour que ses œuvres soient intelligibles. Le joueur de piano doit suivre la portée pour donner à entendre la musique qui y est écrite. Mais la grammaire, à elle seule, ne fait pas la poésie, ni la seule partition la musique. De la même manière, l’héraldiste se doit de respecter les règles de base du blason c’est-à-dire du langage des armoiries pour que ses réalisations aient un sens. Pour autant, tant qu’il reste dans ce cadre, sa créativité doit pouvoir s’exprimer librement, ce que nos contemporains ont parfois du mal à admettre.
Quelques règles simples peuvent guider le dessin d’un blason. La première est la lisibilté, puisque l’héraldique permet de reconnaitre son porteur. La seconde est l’équilibre de la composition. Les pièces et les meubles doivent occuper l’espace de l’écu et former entre elle une image harmonieuse, dépourvue d’ambiguïté. Les proportions respectives sont importantes, et beaucoup de petits détails ont un sens ; par exemple si des pièces se touchent, cela doit être spécifié.
Les armoiries sont la représentation imagée du nom de la famille ou de la personne morale (ville, communauté, association, etc.) qui les adoptées. Le dessin correspondant au blason, c’est à dire, stricto sensu, sa description, peut-être comparé à la police de caractères avec laquelle le nom est écrit. Qu’on l’écrive en majuscules ou en italique c’est bien le même nom. On peut préférer voir son patronyme écrit en lettres anglaises déliées plutôt qu’en gothiques, mais il ne viendrait à l’idée de personne de ne pas se reconnaître dans l’une des deux écritures.
De la même manière, pour les armes, dès lors que le blasonnement est respecté, l’emblème n’est en rien altéré, même si le dessin n’est pas strictement identique à celui qu’on a l’habitude de voir. Le reste n’est qu’affaire de goût.